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Je viens d’ouvrir une bouteille de Trousseau. Pour goûter ce vin rouge du Jura, il faudrait un "impitoyable", un Riedel par exemple, pour apprécier mieux encore la robe, les arômes, le goût, l’équilibre et la subtilité de ce vin… Hélas, dans l’armoire de la cuisine, je ne trouve qu’un verre ordinaire. Nonobstant, la perspective de déguster ce millésime 2017 me chatouille les papilles. Et me vient la fameuse citation d’Alfred de Musset : "Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse".

Évidemment, je ne vais pas extraire la célèbre citation de son contexte : "(…). Doutez, si vous voulez, de l’être qui vous aime, d’une femme ou d’un chien, mais non de l’amour même. L’amour est tout, - l’amour, et la vie au soleil. Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse ? Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ? (…)".

Je ne partage pas cette opinion du célèbre auteur de "Lorenzaccio" mais mon propos ici n’est pas de porter un jugement de valeur sur la thèse d’Alfred.

En prenant au pied de la lettre l’affirmation "Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse", je serais plutôt enclin à penser le contraire. Pour moi, on ne peut pas dissocier la forme et le fond. Pour reprendre l’exemple de la dégustation d’un bon vin, je suis toujours choqué qu’on puisse servir un Côte rôtie ou un champagne millésimé dans un gobelet en plastique.

Dans le domaine de la littérature, de grands auteurs ont apporté de l’eau au moulin de ceux qui défendent l’importance de la forme : Dans sa correspondance avec Louise Colet, Gustave Flaubert développe cette idée : "Vous me dites que je fais trop attention à la forme. Hélas ! c’est comme le corps et l’âme ; la forme et l’idée, pour moi, c’est tout un et je ne sais pas ce qu’est l’un sans l’autre. Plus une idée est belle, plus la phrase est sonore (…).

Il me semble que, dans tous les registres de la vie quotidienne, tant dans le cadre professionnel, associatif, familial ou social, il convient de ne pas sous-estimer l’importance de mettre en œuvre une communication adaptée et pertinente. À l’oral comme à l’écrit, communiquer de façon efficiente, c’est l’art de bien manier le fond et la forme. Flaubert avait une jolie formule pour étayer cette thèse : "rendre le vrai par le beau". Programme ambitieux et délicat où la perfection peut sembler inatteignable. Mais quel bonheur de lire ou d’écouter un grand écrivain ou un grand orateur, qui maîtrise parfaitement son sujet tout en convainquant son lectorat ou son auditoire.

Certes, le fond et la forme sont indissociables et ils doivent se conforter l’un et l’autre. Il convient donc d’apporter le plus grand soin à ce que la forme et le fond s’ajustent parfaitement. Lorsque ce n’est pas le cas, un message, même légitime, n’est pas recevable. Victor Hugo ne disait-il pas : "Il est de l'essence de l'émeute révolutionnaire, (…), d'avoir presque toujours tort dans la forme et raison dans le fond". Dans le même ordre d’idée, Talleyrand disait aussi : "ce qui est excessif est insignifiant !".

Quel que soit le registre, dans tous les domaines de la communication, la forme est déterminante. Mais la forme sans le fond n’a aucun sens. Ce qui suscite l’adhésion, c’est précisément lorsque la forme et le fond se rejoignent dans une parfaite harmonie. Victor Hugo l’affirmait : "La forme est essentielle et absolue ; elle vient des entrailles mêmes de l’idée".

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